Après Le Déluge

Vous venez de lire Le Déluge de Stephen Markley.Vous avez besoin d'en parler.Bienvenue au club.


« Pourquoi es-tu ici ? lui demanda une journaliste de CNN.
– La vraie question, c’est pourquoi tout le monde n’est pas ici », répondit l’adolescent. Un masque à gaz pendait à sa hanche. Son T-shirt proclamait RIPOSTE. « Je suis venu parce qu’on n’a plus rien à perdre. Ou bien on gagne maintenant, ou bien on crève. »
(P.603)


Kate Morris...Fierce Blue Fire...Les 6Degrees...

Le collier électrique...Le Trident Vert....Les avant-postes...

Ces termes vous sont familiers ? Bienvenue dans le Club du Déluge.


« 2032, c’est le genre d’année où on regrette de ne pas avoir désactivé ses notifications. » (P.495)


« L'impuissance nous pousse à rechercher la puissance, sous n'importe quelle forme. Rien n'est plus dangereux que la colère de ceux qui ont le cœur amer et l'impression que leur vie leur échappe. » (P.741)


Notre regard sur Le Déluge

"C’est l’autre fresque du climat. Une fresque mûrie et construite pendant dix ans. Celle-ci n’est ni un jeu de cartes, ni un atelier ludique, mais un pavé démesuré, une épreuve qui demande d’y passer au bas mot quinze à vingt heures, une expérience qui se vit chacun à son rythme.(...) Sur 1000 pages, Stephen Markley déroule une épopée politico-environnementale hors-normes.(...) De ce Déluge, au moins deux choses nous semblent crédibles et importantes.D’abord les liens inextricables entre destin climatique et destin démocratique. (...)Ensuite, ce choix narratif d’une « catastrophe au ralenti », exactement comme le pense et le formule le philosophe Jean-Pierre Dupuy (...)".


« Une œuvre majeure, féroce et flippante, qui n’a pas fini de hanter tous mes cauchemars. »(Jérôme Lefilliâtre, Le Monde)

« Un roman à recommander, très bien documenté, page turner. »(Olivier Fontan, diplomate, ex-directeur du Haut Conseil pour le Climat )

« La force du Déluge vient de ses personnages : icône écologiste ambivalente, scientifique impuissant, antihéros fascinants... C’est dans leur complexité que se reflète ce monde qui bascule. »(Yoann Labroux Satabin, Telerama)

« La traversée ahurissante de trois décennies - la précédente, la nôtre et la suivante - où tout bascule. Ce que j’ai lu de meilleur pour nous dire ce qui se passe, ce qui guette, ce qui menace et ce qui est encore possible ».(Charles Recoursé, traducteur du Déluge pour la version française)


« Mon raisonnement, explique Kate Morris, c’est que même si on se plante aux élections, au moins on aura donné une idée aux gens de ce qui est possible. On apprend aux enfants à faire pousser des tomates, mais pour les faire pousser il faut connaître la météo, et pour la connaître il faut comprendre les changements à l’œuvre dans notre climat. Le capitalisme extractiviste nous isole et nous atomise. Le roots rock et la culture des tomates nous rassemblent. » (P.158)


« Et ainsi ils se dispersèrent. Menèrent des vies normales. Firent preuve de patience. Désactivèrent leur activisme. Ne chiffrèrent rien.(...) Ainsi, ils utilisèrent Google. Ils s’inscrivirent sur Facebook, et plus tard sur Slapdish. Ils achetaient des crèmes pour le visage, des eyeliners et des scies électriques sur Amazon. Ils polluaient leurs données avec des couches et des couches d’ennui. Ils se forgeaient des profils les présentant comme des Américains moyens, insignifiants, seuls et angoissés, semblables à tous leurs compatriotes qui jouissaient des privilèges et gratifications de la conformité ». (P.243)


Les lecteurs en parlent

Raphaël Llorca, essayiste (source) :

"L’ambition littéraire du Déluge est gigantesque : le livre se situe quelque part entre la Comédie humaine de Balzac, une saison de House of Cards, des épisodes de Black Mirror, un rapport du GIEC et un manuel de marketing politique du futur.L’exercice est ébouriffant et, disons-le, extrêmement convaincant : en nous faisant vivre un futur climatique possible en accéléré, le livre nous fait gagner plusieurs niveaux de maturité et de compréhension d’une crise qui sera nécessairement polymorphe.Depuis que je l’ai refermé, j’ai la boule au ventre, mais j’ai le sentiment d’avoir gagné plusieurs années de réflexion sur le sujet : je ne me souviens pas d’avoir éprouvé un tel sentiment dans le passé."


Philémon Tassel, communicant (source) :

"Le Déluge, en racontant la décomposition climatique et politique de notre monde, nous fait toucher du doigt comment la grande Histoire impacte la petite, et comment chacun peut se frayer un chemin (ou non) dans le chaos des événements de son époque.Une fois terminé ce pavé, on ne peut pas le reposer en pensant à autre chose. Il reste avec vous.Un parti-pris très éclairant du roman est la manière dont chaque personnage est habité par l'une des tensions qui structurent notre rapport au changement climatique : radicalité de l’action VS pragmatisme (Kate), amoralité VS moralité (Jacquelyn), volontarisme VS résignation (Tony), franc-parler VS « diplomatie » (Ashir)…La lutte climatique est une polyphonie de luttes intimes, personnelles, que chacun mène en lui-même, tout au long de sa vie, et pas toujours de son plein gré, au contact des événements qui l’obligent à se positionner. C’est ce qui en fait un sujet très humain, et pas seulement politique.(...) Je retiens deux autres choses du Déluge :- La petite histoire de nos vies a toujours son mot à dire sur la grande Histoire du monde. C’est le moment de redonner ses lettres de noblesse à l’éthique personnelle : être au clair avec ses valeurs et agir en conséquence, même quand c’est difficile. Dans le cas du communicant que je suis, cela signifie notamment: entretenir un rapport rigoureux et exigeant à la réalité des faits, parce que tous les arguments fallacieux, tous les miroirs aux alouettes, nous enfoncent plus loin dans le cauchemar de la post-vérité, qui tue notre démocratie à petit feu.- « L’effort de prospective » doit être notre nouvelle hygiène de vie. Quand un événement nous interpelle, posons-nous et tirons le fil: « si cela devient une tendance lourde, quel sera l’effet domino? ». C’est le seul moyen de ne pas subir le tourbillon de l’actualité, et d’agir sur elle."


Aude Lagandré, chroniqueuse littéraire (source) :

"En tant que lectrice ayant vécu aux États-Unis, et assisté à l’élection de deux présidents très différents (Obama, puis Trump), passionnée de politique américaine, j’ai été quasi ensorcelée par tant de densité dans les analyses, tant de pertinence dans les propos de l’auteur.Markley réussit à créer une vision futuriste de l’Amérique qui semble terriblement plausible.
Le Déluge peut être qualifié de grande fresque sociale, Markley tissant un tableau complexe et nuancé de la société américaine. À travers ses personnages, il examine les dynamiques de pouvoir, les luttes de classes, et les tensions raciales et économiques.
Cette approche multidimensionnelle permet de comprendre comment les crises climatiques impactent différemment les diverses strates de la société. Le vivre ensemble devient nécessaire pour espérer changer le cours des choses. Ce choix narratif était à mon sens le meilleur pour rendre digeste la somme d’informations qu’il nous donne, car l’attachement à ces personnages monte crescendo dès que le lecteur parvient à bien les situer. Il est alors possible de se glisser dans leurs têtes, de réfléchir avec eux, d’éprouver leur révolte ou leur impuissance."


Adrien Destrez, dirigeant et entrepreneur engagé pour le climat :

"C'est un roman qui m'a fait gagner beaucoup de temps dans mes réflexions. Ce qui m'a marqué c'est la projection : ce à quoi pourrait ressembler la société à +2 °C ou + 3° C. En nous la faisant ressentir émotionnellement.Au-delà du climat, ce qui m'a impressionné c'est à quel point l'auteur a bien tiré tous les signaux faibles de notre époque, en les prolongeant et en dessinant un chemin crédible.Enfin je retiens une autre chose du roman : sa créativité militante. Très intéressante."


Benjamin Fogel, éditeur et écrivain (source) :

"C'est un chef d'œuvre total, l’alliance parfaite de l’essai politique et de la fiction vertigineuse.La longueur du texte participe à sa puissance. Le Déluge n’aurait pas pu être un roman de taille classique. Il se devait de faire dans la démesure, de provoquer l’épuisement, pour mettre en scène la lente progression de l’effondrement, sans pause et sans respiration. Chaque fois que le lecteur reprend sa lecture, il retrouve ainsi le monde de la veille, mais un peu plus proche du gouffre. La durée de l’expérience contribue à son effet, celui de l’inexorable dislocation."


Thomas Deridder, conseiller politique (source) :

"On en ressort avec une conviction que l'auteur fait passer par l'un de ses personnages :"Les médias de masse ont propagé une image biaisée de l'effondrement. Une partie de la population pense qu'il sera raide et implacable, un mur de feu qui brûle tout sur son passage, et l'autre se complait dans un fantasme rassurant de retour à l'agriculture vivrière et à la médecine holistique. Mais la vérité est que l'effondrement sera exténuant et ne ressemblera à rien de ce que nous connaissons.""


Tanguy Descamps, enseignant à l'Université de Rennes (source) :

"Le Déluge laisse à bout de souffle. D’une grande intelligence sur la violence, il envisage la succession des pouvoirs et des modes militantes, alors que la raison a été foudroyée par l’urgence permanente et l’idiocratie. Il est aussi d’un réalisme qu’on voudrait conjurer (la fiction précède les incendies de Los Angeles).Jubilatoire et effrayant, il met en scène une société dans laquelle chacun à ses raisons.À celles et ceux qui voient dans la dystopie un antidote à son avènement, “Le Déluge” présente un futur à conjurer, en plus d’être une formidable aventure littéraire."


Sébastien Mabile, avocat (source) :

"Ce livre est un chef d’œuvre d’anticipation, sur fond de catastrophes climatiques et de montée en puissance du carbo-fascisme et du capitalisme de surveillance qui l’accompagne et le soutient.Les différents personnages tentent, chacun à leur manière, de convaincre ou de lutter contre les menaces mortifères du dérèglement climatique. Faut il croire en ce qu’il reste de la démocratie pour changer le système de l’intérieur ou recourir à la lutte armée pour détruire les infrastructures fossiles ?Bruno Latour nous annonçait déjà que la guerre du climat avait commencé et qu’elle serait terrible. Ces 1040 pages nous exposent ce qui pourrait nous attendre si nous ne réagissons pas à temps pour arrêter le carbo-fascisme triomphant."


Jean Kramarz, entrepreneur (source) :

"J'ai l'impression d'avoir lu non pas seulement le meilleur mais le roman le plus important de l'année.Ambitieux et "total" comme les grands romans du 19eme siècle, il donne le point de vue romancé des industriels, des lobbyistes, des politiques, des savants et des simples citoyens.Chaque alerte de l'actualité a l'air tirée d'un chapitre du livre. Et chaque chapitre fait écho à un évènement actuel..."


Clément Briet :

"Ce que j'ai aimé :
- Un récit captivant, un rythme haletant et des personnages forts,
- Un scénario des possibles climatiques relativement bien documentés, avec des solutions et problèmes associés assez bien décrits
Mes regrets :
- Le focus sur les US principalement, bien qu'habituel pour un auteur Etats-uniens, réduit un peu la force de conviction du récit
- Dans le chaos politique et social décrit, j'ai la conviction qu'il y aura plus d'effondrements systémiques de nature technologique que décrit : j'ai noté surtout l'absence de pompiers et d'eau pour l'incendie, mais pas beaucoup d'autres choses. Où est-ce que Slapdish met ses serveurs et fabrique ses dispositifs de réalité virtuelle ?"


Thomas Gerbaud, data scientist (source) :

"C'est comme un rapport du GIEC en plus efficace."


A vous la plume

Partagez vos commentaires, analyses, points de vue suite à votre lecture.Votre regard nous intéresse et intéressera les autres lecteurs !

Par exemple :• Quels personnages, passages ou phrases vous ont marqué, et pourquoi ?• Le roman vous a-t-il fait évoluer (par exemple dans votre compréhension de l'enjeu climatique, dans la façon dont la société sera touchée et pourrait réagir, etc.) ? En retenez-vous des enseignements ?• Jugez-vous le récit plausible ? A votre avis verra-t-on l'émergence d'un Fierce Blue Fire et/ou d'un 6Degrees ?• Si l'histoire se déroulait en France, à quoi pourrait-elle ressembler ?• Si le monde devait suivre la trajectoire décrite dans le roman, et que l'histoire venait de se terminer, en 2040 : quelle serait la suite pour vous, dans votre vie ?


« Je savais que ça nous tomberait dessus, mais j’ai toujours gardé cette idée dans un coin de ma tête, l’idée qu’il y aurait toujours un endroit sûr où se réfugier. Sauf qu’il n’y en a pas. Nulle part. » (P.851)


« Tout le monde commence seulement à entrevoir ce dont tu as pris conscience il y a une éternité : la fragilité des choses qui nous semblaient permanentes, inaltérables. » (P.884)


« Trois mois après le début des manifestations et des blocages, le président Hamby annonça la nationalisation de toutes les infrastructures liées aux énergies fossiles. (…) Soudain il n’y eut plus personne pour payer les lobbyistes, arroser les campagnes électorales, influencer l’opinion. » (P.993)


« Si [ma fille] veut continuer à vivre, elle devra s’immuniser contre la souffrance qui se déversera de toutes parts. Quelles que soient les idéologies qui émergeront, les mythes que nous épouserons, les technologies que nous inventerons, les idéaux que nous proposerons, dans les faits nous n’avons d’autre horizon que cette crise. » (P.1004)


Pour aller plus loin : 5 choses que nous retenons du Déluge

1. La force de la fiction pour se projeter et permettre un « transfert de réalité »2. Des trouvailles intéressantes de marketing politique3. Une anticipation des projets de droite dure et d’extrême droite face aux futurs impacts climatiques4. L’exploitation criminelle du dérèglement climatique par des gouvernements autoritaires contre leurs opposants nationaux ou transfrontaliers5. Une bonne illustration des impacts climatiques en cascade


"Le Club du Déluge" est une initiative de Troisdegres.net

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